Improvisatrice et compositrice, l’altiste Séverine Morfin affectionne les dialogues entre univers musicaux. Écriture et improvisation, musiques savante et traditionnelle, sons environnementaux et jazz nomade : dans chacune de ses créations, elle imagine ainsi des conversations entre la musique et d’autres mondes… à commencer par le nôtre, comme en témoigne le projet Mad Maple (« érable fou » en français – en référence à l’arbre dont le bois sert à fabriquer le violon alto). Sous la forme de trois suites pour alto, guitare, clarinette, monotron et bandes sonores, elle orchestre un dialogue avec les sons de notre environnement. Une conversation qui, bien qu’habitée par le souci de l’état de la terre, n’en est pas moins joyeuse, et d’une intense poésie. 

Elle frappe avant tout par le charme de ses orchestrations et la limpidité de ses mélodies. Dans nos oreilles, se déploie une forme de cosmogonie où les instruments se mêlent aux sons de la glace qui se brise et au vacarme de la tempête qui arrive. Où le murmure de la forêt répond au frottement de l’érable des instruments… C’est fou, tout ce qu’un alto, une guitare et une clarinette peuvent avoir à se (et à nous) raconter lorsqu’ils se trouvent face à un paysage ! Figures de la scène « jazz » hexagonale (membres de l'Ochestre national de Jazz, on a pu également les croiser aux côtés de Sylvaine Hélary, Jean-Marc Machado ou Andy Emler), Séverine Morfin et les siens nous transportent à travers ces climats comme au fil d’un film invisible, nous invitant au passage à explorer nos relations vibratoires avec ce qui nous entoure.